samedi 23 avril 2011

Scream 4



Après le tout récent échec de "My Soul To Take", injustement éreinté par la critique américaine, Wes Craven revient pour prouver qu'il est capable de signer un film d'horreur original et brillant. "Scream 4" est donc le grand retour d'un cinéaste souvent incompris.



Faut-il rappeler les mésaventures de Sidney Prescott (Neve Campbell)? Dans le premier "Scream", elle voyait ses amis assassinés par un tueur masqué à l'imagination débordante. Puis il y eut "Scream 2" et "Scream 3" qui, à force d'épuiser les retournements de situations chers au whodunit, ont fini par lasser. Réjouissons nous alors devant certaines trouvailles de ce "Scream 4": scène d'introduction jouissive, tueur (Ghostface) plus sadique que jamais et une fin qu'on retiendra grâce à son discours pertinent sur la jeunesse et son rapport à ce que Craven appelle "le méta-monde" (voir l'entretien avec Bill Krohn dans les Cahiers du Cinéma du mois d'avril).




Le scénario de Kevin Williamson décrit un choc des générations: d'un côté l'univers très années 90 de Sidney Prescott et Gale Weathers (Courtney Cox), avec leur rapport différé au monde (elles ont chacune écrit des livres après les événements) et de l'autre côté la jeunesse d'aujourd'hui qui s'abandonne dans le virtuel et l'instantané (le tueur filme les meurtres pour pouvoir les diffuser sur youtube). Si cet aspect moralisateur peut déplaire à certains, le ton ironique et l'emploi récurrent du terme "meta" laissent penser que le film a plusieurs niveaux de lectures.




Ce qui a changé c'est la manière de regarder les films dans "Scream 4": entre le Stabathon (les Stab sont une série de films dans le film inspirés par les meurtres de Ghostface) qui tourne court et où le morbide y est glorifié, et la vision d'un passage de "Shaun of The Dead" qui aboutit au meurtre le plus gore du film (belle scène où deux amies regardent, impuissantes et comme devant un écran, leur copine se faire massacrer dans la maison d'en face), on comprend que ce qui nourrit l'inspiration criminelle c'est le réseau des images qui enferme les protagonistes jusque dans leur perte. Ceux qui subsistent sont donc globalement ceux qui ne connaissent l'horreur qu'en vrai, le simulé du cinéma agissant comme un trompe-l-oeil qui prendrait vie au dernier moment.



Donald Devienne