dimanche 5 août 2012

The Dark Knight Rises







Combien de millions cette fois?... Je pose la question car cet argent aurait pu être utilisé à des fins plus constructives.. Maladies, famines, écologie...  Mais Nolan, lui, la ramène avec son Dark Knight Rises, un film raté du début à la fin. Acteurs en indigestions, mise scène sans idée, découpage cousu de fil blanc et ces cascades... Toutes ces cascades inutiles qui donnent au film une dimension "Bling Bling" quasi définitive. 
Nolan avait déjà testé cette recette avec Batman Begins, exemple de mièvreries en mode camouflage. 
Mais revenons à notre mouton, The Dark Knight Rises. En sortant du cinéma, je me pose cette question: "Est-il aussi nul que Batman le Défi (en osant une comparaison des genres et époques..), pire, c'est à dire au niveau de ceux de Joël Schumacher, ou alors, encore mieux, c'est le plus mauvais de tous...?!"
Alors je réfléchis, je discute avec mon acolyte et on est d'accord sur une chose, ce film est une terrible faillite. 

Tout commence avec cette séquence d'ouverture. C'est spectaculaire, le mot ne peut pas être mieux choisi. On est devant un James Bond. Problème, j'ai payé pour voir Batman... Les fans de série reconnaîtront dans ce barnum d'ouverture Aidan Gillen, ainsi qu'une ribambelle d'autres acteurs de tv tout au long du film (Desmond Harrington, Wade Williams, Christopher Judge, Brett Cullen, Daniel Sunjata...) 
On se sent presque mal à l'aise devant ces premières images. On se demande si on doit apprécier ou désapprouver ce spectacle grotesque. C'est pourtant dés le début que Nolan nous présente Bane, le grand méchant, celui qui brisera Batman. Tout un programme. Le type est quand même censé être une bête féroce, et pourtant, Nolan nous le présente d'abord comme un voltigeur de cirque. 




Et Batman alors? Christian Bale. C'est fini mon petit, tu peux aller chercher ton chèque et retourner insulter des techniciens ou bouffer des pommes. Il fait le boulot. Comme un enfant ayant bien appris sa leçon et la récitant comme un petit robot. Sans saveur. 
Et les méchants? Tom Hardy et Anne Hattaway s'en sortent grâce à un certain talent. Ici, Nolan offre enfin à Hardy un rôle à sa mesure, loin de ce personnage insipide qu'il interprétait dans Inception. Problème, la mise en scène étouffe peu à peu le personnage qui finit à la limite du ridicule. 
Miss Catwoman est convaincante, sauf peut-être son costume... Autre déception, nous ne voyons jamais le passage de Selina Kyle en Catwoman.. Le peu que nous apprenons d'elle, et la manière surtout, rappelle grossièrement un épisode des Experts écrit à huit mains avec les scénaristes des Télétubbies, c'est dire. 
Et le reste, si j'en parle, c'est uniquement parce qu'ils sont tous à la masse. Aucun scrupule face à une entreprise aussi nauséabonde de suffisance et d'approximations. A ce tarif (250 000 000$), certaines erreurs ne devraient plus être tolérées. Cette remarque va à 90% des films qui sortent au cinéma depuis presque 10 ans... 
Gary Oldman devrait prendre un peu de recul peut-être. Et il est temps de prendre ta retraite mon cher Morgan Freeman; on les aime car ils font partie du panorama mais ils sont probablement fatigués de jouer dans des décheteries culturelles... Puis le reste du reste.... 
Joseph Gordon-Levitt fait ce qu'il peut, ayant la tête de l'emploi. Précision, tout de même: Qui aimerait avoir une tête de Robin ?... 
Nous mettrons à part Michael Caine qui une fois encore, apporte cette petite touche british qui, excusez le cliché, donne un peu de classe à l'ensemble. L'acteur est à l'image de ces vieux sportifs en fin de cycle qui comblent leur déclin par l'expérience. Hourra.

Si je ne me suis pas ennuyé, c'est parce que j'ai toujours aimé Batman, son univers et ce qu'il représente. Mais une chose est certaine,  j'ai vu un très mauvais film.




R.L

mardi 3 janvier 2012

Mission: Impossible - Protocole fantôme



A en croire la presse et les sites spécialisés, "Mission: Impossible - Protocole Fantôme" serait une réussite indéniable qui, pour certains, dépasserait même le premier volet réalisé par Brian De Palma. Allons... Soyons sérieux. Si prendre son pied devant une telle déferlante d'effets spéciaux et de gadgets high-tech doit forcément passer par une justification aussi ridicule qu'embarrassante, il y a de quoi se poser des questions sur les critères de jugements actuels. Si le réalisateur Brad Bird apporte d'une certaine façon sa patte "Pixar" au film, ce n'est que pour mieux accentuer la fusion du monde réel et du monde virtuel: tempête de sable comparable aux pixels, écrans et autres jouets high tech qui n'en finissent pas de recouvrir la chair des protagonistes... Et ce n'est décidément pas une nouveauté, surtout dans le film d'action contemporain. Non pas que "Mission: Impossible - Protocole Fantôme" soit un si mauvais film, mais le comparer aussi hâtivement à un des blockbuster les plus passionnant des années 90 (le De Palma donc) montre bien qu'il y a un réel souci à se faire. 

Petit retour en arrière: à la fin du premier "Mission: Impossible", Ethan Hunt (Tom Cruise) est devenu une abstraction, un organisme broyé par la technologie. Sa capacité à aimer (n'en déplaise aux suites..) se voit annihilée, son aura réduite à celle d'un homme qui est passé dans le domaine du théorique. Pour résumé, il est devenu un fantôme au pays de Brian De Palma. On connaît les différents de ce dernier avec Tom Cruise lors du tournage. Il n'est donc pas étonnant de se retrouver avec un personnage omnipotent (Jim Phelps/Jon Voigt) et une marionnette (Ethan Hunt/Tom Cruise). L'un manipule l'autre jusqu'à l'épuisement, en lui supprimant certaines informations et en falsifiant des plans. Grâce au montage, Jim Phelps réussit à arrêter le défilement filmique, d'une certaine façon. Mais ce défilement, figuré par le train à la fin du film, lui explosera au visage, Ethan Hunt ayant découvert les joies du cinéma (mensonge, hiérarchie etc). 



Brad Bird quant à lui ouvre son film sur une course poursuite des plus banale et une évasion de prison sans saveur. Si la prison dans laquelle se trouve Ethan Hunt au début pourrait résumer l'état dans lequel se trouve le personnage de Tom Cruise tout au long du film (son lourd passé, sa femme supposée morte etc.), il n'empêche que Bird ne sait pas réaliser une scène en terme visuel. Sa "patte" n'est bonne qu'à esquisser des idées  dont la laideur (une bagarre entre Ethan Hunt et un terroriste dans un parking, pour n'en citer qu'une...) n'a d'égale que l'idiotie d'un scénario baignant dans la ringardise. A part l'explosion du Kremlin, on est loin des éléments scenaristiques d'un David Koepp circa 1996: échanges et manigances à Dubaï, réception minable dans un palais indien... Mais que nous veulent-ils? Pourquoi? On se demande ce qui a retenu l'attention du publique et de la critique en France: serait-ce pour la plastique froide et le jeu inexistant de Léa Seydoux? En tout cas une chose est sûr: "Mission: Impossible - Protocole Fantôme" est déjà oublié tant les images qui l'animent sont dépourvue de croyance dans les possibilités du cinéma, sa propension à se révéler tel qu'il est.

Donald Devienne

vendredi 28 octobre 2011

HBO (OZ et ses enfants)



(Et si une chaîne du câble avait été touché par la grâce.)



On est en 2001 ou peut-être 2002, je ne sais plus. Série Club et Canal Jimmy passent encore des programmes dignes. A cette époque, je découvre OZ et dés cet instant, mon regard sur la production audiovisuelle va changer net. Il est donc possible d'approcher (voir même de dépasser) le cinéma, même avec une série à huis clôt. OZ est une chronique ultra violente et réaliste (quoique la frontière avec le rêve ne soit jamais très loin) de la vie en prison. De OZ, il est facile de faire le lien avec Les Sopranos et même Six Feet Under, si on veut pousser un peu plus. Prenons un raccourci: Tu es un gangster, tu es de la famille Soprano. Tu te fais chopper, tu pars passer quelque temps à l'ombre des murs du pénitencier d'Oswald, puis un jour, tu te prends un coup de cutter et tu finis par te faire embaumer chez Fisher & Sons... Nous ne ferons pas la liste des excellentes séries produites par cette chaîne, mais nous pouvons en énumérer quelques unes en plus des trois citées plus haut: Entourage, Rome, The Wire, True Blood, Eastbound And Down, Game of Thrones ... Etc.




HBO a changé la série télévisé. Ils ont su niveler vers le haut un produit en totale déliquescence; souvenez-vous du début des années 90... La première diffusion de OZ en 1997 marque le premier grand tournant du paysage télévisuel lié à la série. L'aspect immersif et la mise en scène crue rendent cette oeuvre paradoxalement attachante; on se prend à "aimer" les personnages les plus odieux et à vomir les justes. Un épisode peut devenir une croisade contre nous-même, à force d'être confronter à cette forme extrême du rapport entre les hommes dans un lieu scellé. La prison est telle un grand cercueil duquel peu d'individus sortent indemnes. Ce cercueil que nous retrouverons en 2001 avec Six Feet Under. Ici, nous sommes chez les Fisher, une famille de croques-mort ou la vie prend le pas sur la neutralité. Malgré une atmosphère familiale pesante et lourde, il existe entre les membres de cette tribu une saine connexion. Ils communiquent peu mais ils sont tous reliés par un fil transparent, le casting presque parfait aidant sûrement.

Tiens, le casting... Que se soit OZ, Six Feet Under ou même Les Sopranos, les acteurs seront presque toujours au top. Comédiens français, prenez-en de la graine. Même le type qui jouera le laveur de vitre au fin fond du cadre a sûrement plus de présence que la plupart d'entre vous, et nous ne sommes que dans une série... Oui, ce truc qui passe dans cette drôle de boite que la société bien pensante du bobo de Plage/Seine renie. "Oh mais la télé c'est nul!". Oui, c'est nul. Et alors... Breaking Bad, Mad Men, La Petite Maison dans la Prairie... Ca vient d'où?!....

Donc, les acteurs. James Gandolfini (Tony Soprano), Michael C. Hall (David Fisher), Frances Conroy (Ruth Fisher), Eddie Falco (Carmela Soprano).... Christopher Meloni en infâme Chris Keller, J.K. Simmons en ignoble Vern Schillinger.... Ce n'est qu'un minuscule échantillon du réservoir à talent qu'ont été ces trois grands chapitres télévisés. D'ailleurs, beaucoup d'acteurs de télévision confirmés aujourd'hui, ont fait leurs armes dans ces trois séries (OZ plus particulièrement).



Il est inutile de rappeler en profondeur leurs sujets respectifs. OZ, du fait de son ancienneté et de son rôle précurseur a été découverte par le grand public sur le tard. Un peu comme une toile de maître qu'on retrouverait sous une pile de bouquins prenant la poussière dans le grenier... J'ose tout à fait cette comparaison, elle est même assumée. Depuis OZ, quelle série est allée plus loin dans le propos, qu'il soit social, politique, humain, charnel, haineux... Aucune. Certaines, ont choisi un chemin ouvert grâce à Tom Fontana, l'homme qui a révolutionné la façon de regarder un produit fictionnel destiné au petit écran, mais sans jamais être en mesure de tout rassembler comme il l'a fait avec cette série. Il a su ouvrir la voie vers un langage visuel et scénaristique opposé à la production type de l'époque (Lois & Clark, Stargate SG-1, Walker Texas Rangers (!), Highlander, X-Files ou même.... Xena la guerrière).

Il faut revoir un épisode de X-Files de nos jours pour se rendre compte qu'à l'époque, la télévision ne nous a franchement pas gâté...


R.L



mercredi 19 octobre 2011

Petite idée d'un cinéma sans saveur (et qui se meurt)




Bienvenu dans le 21e siècle mon ami. Tu l'as aimé ta séance ce samedi soir? Tu as vu quoi? Drive? The Artist? Un petit film d'auteur qui t'a retourné l'estomac tellement l'histoire était profonde et les acteurs sincères dans leur intolérable souffrance?.. Tu as préféré voir un blockbuster car tu vas au cinéma pour le spectacle?


C'est quoi le cinéma?... Ca peut-être un moyen de faire passer un message, pour d'autres, de divertir. Certains utilisent ce biais car rien n'est plus agréable que de prendre le spectateur pour un abruti. Ne sommes-nous pas tous qu'une belle bande de crétins écervelés qui ont souvent besoin d'un écran pour cultiver notre matière grise et nous donner l'impression d'évoluer intellectuellement?... Toi, t'es un génie qui tire son savoir grâce à la vérité d'un tiers. Le prêtre te dit de croire en Dieu, sois un bon soldat et tire toi une balle dans le pied, danse mon ami.


Le cinéma d'aujourd'hui est tel une grande église. A chacun son cinéma (église) pour assister au prêche (le film) final d'une civilisation malade, la notre. On nous balance la 3D pour donner du relief. Commencez par embaucher des scénaristes sachant tenir une histoire qui nous fera baver jusqu'à la fin.

Scorsese (encore lui) passe à la 3D. Le cinéma est malade. Cancer incurable, hépathite, sida. Pourquoi ne pas sortir une version remasterisée du Parrain en 3D?... Nous irions tous, moutons amorphes, vivre une expérience inoubliable dans notre église IMAX au coin de la rue.. Marlon en trois dimensions mon pote!


Je milite pour la construction d'un parc à thème reprenant l'univers de Metropolis. On y trouverait le Fritz Lang Burger qu'on ferait tomber dans l'estomac avec l'aide d'un petit Maria Cola bien glacé. Vas au diable suceur de frite. Je veux pas finir en Soleil Vert... Rends moi mon cinéma. Et surtout ne te méprends pas, continue à produire ton ciné tagada pour les profanateurs mangeurs de pop-corn au beurre transgénique, nous avons besoin de ton argent pour jouir de ce qui reste.


Le cas Weinstein interpelle. Ils ont su faire le lien entre les deux mondes. Celui du clinquant et du profit face à celui du pari et et de l'échec souvent inévitable. Ces types ont tout compris. Faisons une simulation grotesque. Je suis Harvey Weinstein, j'ai cinq films devant moi et je dois les "catégoriser". Le premier sera le film à oscar. Le second sera l'assurance d'avoir les comptes équilibrés à la fin de l'année. Le troisième, le coup de pouce qui permettra à la boîte de voir venir. Le quatrième, c'est le pari. Et le cinquième, un caprice. Le cinéma n'est qu'un business, mais un business grâce auquel nous pouvons apprendre, communiquer, partager, rêver... N'abandonnons pas la course au tout technologique si l'avenir de cet art passe pas là, mais n'oublions pas que la base reste avant tout ce que notre cerveau nous permet de réaliser et ce avec quoi nous lui offrons cette capacité. Mettons nous tous bien d'accord, la soupe de grand mère est toujours meilleure qu'une brique Maggi... Les ingrédients mes petits, les ingrédients sont la base de tout. Si la base est mauvaise, tout s'écroule. Et celle du cinéma commence à pourrir sérieusement.


(Harvey Weinstein)



R.L

mercredi 28 septembre 2011

DRIVE




Youpi! Un nouveau Nicolas Winding Refn. Ca me faisait la même chose avec Scorsese jusqu'à Shutter Island... (Malgré le décevant "Les Infiltrés").

Refn, revient presque 2 ans après l'excellent Vahalla Rising, avec cette fois, un exercice de style mi-réussi mi-foiré. Pourquoi? Parce que tout ce qui compose cette oeuvre pourrait venir d'un autre film.

On retrouve du Mann, du Wenders, du Lynch... Monsieur a de bonnes sources d'inspiration mais en empruntant ce chemin, il a perdu cet aspect brut et sauvage qui faisait l'intérêt de ses films précédents.



Drive est un bon film, c'est une évidence. Mais c'est une oeuvre totalement vide. Ryan Gosling (qui avait été très bon dans Danny Balint ou Half Nelson entre autres), est méconnaissable; son personnage ne dégage rien, à l'image de Carey Mulligan en voisine paumée. Les seconds rôles sont plus consistants (Ron Perlman notamment).

Le film part sur une excellente note. La scène d'ouverture est un modèle de suspens. Le son, le découpage, les cadres donnent une sensation d'immersion totale. Le jeu simple de Gosling mettant en valeur ce tout. Puis, c'est la chute.

Le générique arrive et le film se meurt doucement. C'est une glace oubliée au soleil. Succession de scènes trop esthétique frôlant le pathétique, les acteurs se retrouvant dans ces tableaux contrastés, sans vraiment donner l'impression de savoir ce qu'ils font là. Et cette histoire de presque amour totalement impossible, qui une fois de plus vient parasiter un récit qui n'en a pas besoin ( certaines scènes "romantiques" m'ont presque donné la nausée tellement l'ensemble paraissait fait de sucreries pas assez acides, car peut-être non assumées).

Mais, comme pour certains la femme reste l'un des grands mystères de l'humanité, on continue à vouloir faire "galèrer" les protagonistes. Refn, ne nous fais pas une Nolan s'il te plaît!






Passons sur la molesse de Gosling, la fadeur de Mulligan et l'invisibilité de Bryan Cranston qui va avoir beaucoup de mal à sortir de son personnage de Walter White dans Breaking Bad, que nous reste t-il?...

Ah oui, Ron Perlman. En plus d'avoir cette sacrée gueule, il impose par son physique et prouve qu'un acteur peut continuer à progresser quelque soit son âge. Peut-être Refn devrait réfléchir à une prochaine collaboration avec ce type, car avec Bronson et Vahalla Rising, il a montré qu'il savait "animaliser" un être humain.

La mise en scène est masturbatoire. Calée, propre, sans trop de fautes de goût et globalement bien maitrisée... C'est bien là mon problème. Ca manque de fond. Peut-être la faute au scénario, écrit sur un post-it entre midi et deux (?).

Alors oui, j'aime les belles images et les beaux cadrages mais malheureusement, j'attends plus d'un film et surtout de la part de ce type, qui avec Bronson m'avait donné une belle claque.


R.L


samedi 23 avril 2011

Scream 4



Après le tout récent échec de "My Soul To Take", injustement éreinté par la critique américaine, Wes Craven revient pour prouver qu'il est capable de signer un film d'horreur original et brillant. "Scream 4" est donc le grand retour d'un cinéaste souvent incompris.



Faut-il rappeler les mésaventures de Sidney Prescott (Neve Campbell)? Dans le premier "Scream", elle voyait ses amis assassinés par un tueur masqué à l'imagination débordante. Puis il y eut "Scream 2" et "Scream 3" qui, à force d'épuiser les retournements de situations chers au whodunit, ont fini par lasser. Réjouissons nous alors devant certaines trouvailles de ce "Scream 4": scène d'introduction jouissive, tueur (Ghostface) plus sadique que jamais et une fin qu'on retiendra grâce à son discours pertinent sur la jeunesse et son rapport à ce que Craven appelle "le méta-monde" (voir l'entretien avec Bill Krohn dans les Cahiers du Cinéma du mois d'avril).




Le scénario de Kevin Williamson décrit un choc des générations: d'un côté l'univers très années 90 de Sidney Prescott et Gale Weathers (Courtney Cox), avec leur rapport différé au monde (elles ont chacune écrit des livres après les événements) et de l'autre côté la jeunesse d'aujourd'hui qui s'abandonne dans le virtuel et l'instantané (le tueur filme les meurtres pour pouvoir les diffuser sur youtube). Si cet aspect moralisateur peut déplaire à certains, le ton ironique et l'emploi récurrent du terme "meta" laissent penser que le film a plusieurs niveaux de lectures.




Ce qui a changé c'est la manière de regarder les films dans "Scream 4": entre le Stabathon (les Stab sont une série de films dans le film inspirés par les meurtres de Ghostface) qui tourne court et où le morbide y est glorifié, et la vision d'un passage de "Shaun of The Dead" qui aboutit au meurtre le plus gore du film (belle scène où deux amies regardent, impuissantes et comme devant un écran, leur copine se faire massacrer dans la maison d'en face), on comprend que ce qui nourrit l'inspiration criminelle c'est le réseau des images qui enferme les protagonistes jusque dans leur perte. Ceux qui subsistent sont donc globalement ceux qui ne connaissent l'horreur qu'en vrai, le simulé du cinéma agissant comme un trompe-l-oeil qui prendrait vie au dernier moment.



Donald Devienne

dimanche 6 mars 2011

127 heures




Danny Boyle serait-il atteint d'une "tarantinite" aiguë, maladie consistant à faire reposer une carrière sur l'aura d'un seul film?.."Pulp Fiction" chez M. Tarantino et donc "Trainspotting" chez Boyle.

Son premier film, "Petit meurtre entre amis" a posé les bases d'un "nouveau" cinéma en Angleterre, le suivant aura consolidé les espoirs et d'une certaine manière, révolutionné la manière d'apprécier un film... "Trainspotting" pouvait se regarder comme un documentaire, un clip, un film voir même un dessin animé.


J'aurais aimé vous parlez de “Trainspotting”, mais malheureusement, “127 heures” sort au cinéma.


Pourquoi ce film et pas un autre? Parce que chaque film de Danny Boyle est un petit événement... Bien que versant de plus en plus dans une douce et certaine médiocrité, il est encore considéré comme une "valeur sûre et en devenir" du cinéma mondial. Un sursaut aura lieu avec "Slumdog Millionaire", oeuvre symbolique d'un cinéaste ayant du mal à grandir au milieu d'un monde gouverné par les adultes. Prenons “Millions”, mièvrerie grotesque mettant en scène deux jeunes frères, vivant dans une banlieue anglaise avec leur père, et qui trouvent un sac rempli de billets de banque. L'idée est sympathique, les possibilités nombreuses. Au lieu de cela, Danny Boyle nous offre un sous Mike Leigh sponsorisé par la Croix Rouge (La séquence de fin dans le village africain est d'une indigence extrême). DB réalisateur social? Surtout pas. Donneur de leçon?... Possible.



Pour son dernier film, Boyle choisi l'histoire d'Aron Ralston, jeune alpiniste resté coincé six jours et cinq nuits au fond d'un canyon, le bras droit coincé entre un rocher et une paroi. A l'aide d'un canif, il s'en sortira.

Tous les ingrédients sont réunis pour nous offrir un bon petit "survival movie" des familles.. Le film part comme un Danny Boyle, c'est à dire bien. Il joue sur les clichés dès le générique, nous installant confortablement dans notre fauteuil devant un film quasi SNCF. Peut-être devrait-il penser aux adaptations des Arlequins et autres SAS.

La musique est en totale adéquation avec le contenu de l'image, n'osant aucune contradiction mentale sur le spectateur. Tout est pré défini, le suspens est inexistant et le traitement des flashbacks totalement gratuit. C'est pourtant dans certaines de ces courtes séquences que l'on retrouve la patte du cinéaste mancunien.


Dire que "127 heures" est un film dénué de tout intérêt serait mentir. La performance solide de James Franco et le montage très rythmé permettent au spectateur de ne pas tomber dans l'ennui malgré un presque "Huis clôt" dans un trou de l'Utah..




RL