lundi 31 janvier 2011

CHRISTINE de John Carpenter


Un amour nommé Christine




Il y a dans ce long métrage réalisé par John Carpenter en 1983, quelque chose de moite; ce film transpire, il vit et recrache l'air à travers le réseau sonore et chaud d'un système d'échappement. Nous ressentons le souffle, parfois doux et souvent brutal de cette machine infernale.

Son parfum emportera Arnie Cunningham (Keith Gordon) à sa perte.


La première image nous transporte à Détroit en 1957. Ville connue pour avoir été la capitale mondiale de l'automobile jusqu'à récemment.

Des ouvriers s'affairent autour d'une chaîne de montage sur laquelle défilent de rutilantes automobiles. L'une d'elle est rouge. Cette seule différence provoque une irrésistible envie de l'approcher. Les autres voitures, pourtant du même modèle, paraissent fades et "désintéressées". C'est le premier effet "Christine" sur le spectateur.

Nous assistons à sa naissance et à ses premiers balbutiements criminels. De quoi nous attacher encore plus à elle malgré sa nature diabolique.



La rencontre avec Arnie Cunningham surviendra vingt et un ans plus tard.


Adolescent mal dans sa peau et incompris de ses parents, Arnie est le souffre douleur de son école; son meilleur ami, Dennis (John Stockwell), est un garçon populaire et membre important de l'équipe de football.

A première vue, rien ne rapproche ces deux personnages. Et la distance s'agrandira le premier jour d'une rencontre déterminante pour la suite.

Pas celle avec Leigh Cabot (Alexandra Paul), mais celle avec Christine (Plymouth Fury).


Alors qu'il vient de se faire agresser pendant un cours (de mécanique...), Arnie se fait raccompagner en voiture par Dennis. On remarque ses lunettes rafistolées à l'aide d'épais sparadraps, lui donnant une apparence à la fois ridicule et tragique. Ce sera la fin d'une époque et le début d'une seconde genèse.



Pendant qu'ils roulent sur un chemin, Arnie ordonne à Dennis de faire demi-tour. Le coup de foudre vient d'agir.

En caméra subjective (voiture de Dennis), on découvre une carcasse gisant parmi quelques hautes herbes dans une cours pleine de déchets.

Sur le plan suivant, la partie avant de la voiture est dévoilée. Elle est défigurée. En arrière plan, Arnie court vers elle les bras ouverts. La voiture et Arnie sont immédiatement reliés à travers leur apparence cabossée.

Quelque chose de charnel se développe à travers les caresses d'Arnie sur les partie apparentes de l'engin. Le troisième plan donne une indication encore plus nette du malaise.

Arnie est maintenant au volant. Ses cheveux sont dressés et son regard brille. On sent un frisson traverser le personnage; c'est cette petite poussée d'adrénaline qui nous prend lorsque l'on tombe amoureux... Il caresse le volant tout en retenue, sans le heurter. Dennis se tient à l'extérieur, déjà à l'écart.

Le montage alterné suivant ce moment nous ramène à la réalité de la situation.

Un homme fait son apparition dans cette danse macabre, il s'agit de Georges LeBay (Robert Blossom), le frère de l'ancien propriétaire de Christine. Il explique qu'il vend sa maison et tout ce qui l'entoure, c'est à dire les débris - dont fait partie Christine - entreposés dans son jardin pour partir ailleurs.

Comme si la fuite devenait obligatoire pour sauver ce qu'il lui reste d'âme.

Pour deux cents cinquante dollars, Arnie vendra la sienne.


Une deuxième marque du malaise est visible à son retour chez ses parents. Sa mère (Christine Belford) est viscéralement opposée quant à la présence d'une seconde voiture devant chez elle. D'autant plus s'il s'agit d'une épave. Dans la réponse qu'il donne à sa mère, on saisit l'isolation dont a été victime le personnage, même au sein de sa famille. Ses parents ont fait bloc face à ses désirs personnels tout au long de son enfance et de son adolescence.

Il ira avec Christine trouver refuge chez "Darnell's".

Le film prend un deuxième souffle à leur arrivée dans ce garage tenu par Will Darnell (Robert Prosky). C'est ici qu' aura lieu la résurrection. A la fois de Christine mais aussi celle d'Arnie...


En restaurant Christine, Arnie se reconstruit lui-même. Au fur et à mesure que Christine retrouve son apparence d'antan, celle d'Arnie évolue dans le même sens. Son apparence de looser a disparu au profit de vêtements rappelant ceux de James Dean dans "La fureur de vivre", ses lunettes ont également fait place à un visage découvert et affirmé.

Cette métamorphose, Arnie la mettra à profit pour séduire celle dont tous les garçons du lycée rêvent, Leigh Cabot.

La relation entre Leigh et Arnie révélera la nature possessive de Christine envers son propriétaire; la scène du drive-in mettant très bien en scène cet amour exclusif et destructeur.

Au milieu de cette séquence, alors qu'ils étaient sur le point de partager un moment intime, Leigh exprime à Arnie sa jalousie envers la voiture. Dans son élan, elle frappe la banquette. Christine ruse et envoie Arnie à l'extérieur.

Leigh se retrouve seule, piégée à l'intérieur du monstre vexé. La radio s'allume et les portières se verrouillent, le début du processus de vengeance a débuté.

La musique, totalement intégrée à l'écriture du scénario, joue encore une fois son rôle à la perfection.

Un décalage évident entre le rythme sirupeux du morceau et l'action à l'image rend la scène d'autant plus forte qu'elle est accompagnée par une lumière vive et très blanche provenant des entrailles de la voiture. Leigh s'étouffe sans qu' Arnie ne puisse intervenir. Le pouvoir de Christine est au dessus du sien.

Il faudra l'intervention d'une tierce personne pour sauver la jeune fille.

Cette séquence se termine devant la maison de Leigh. Les deux jeunes gens se disputent une dernière fois avant qu'Arnie n'aille trouver refuge dans sa voiture, sa vraie femme.

A peine le moteur enclenché, Christine déclare en musique son amour à Arnie.

Dans la continuité de ce moment intime, une fois Christine garée chez Darnell, le récit prend une tournure nettement plus sombre. Le personnage d'Arnie basculera définitivement du côté des ténèbres.



Buddy Repperton (William Ostrander) et sa bande, qui maltraitent Arnie chaque jours au lycée, veulent lui jouer un dernier tour, un de trop. Il se glisseront dans le hangar pour détruire la voiture à coups de massues...

On ressent une certaine tristesse à voir cet objet rutilant se faire "violer" de la sorte. Malgré le caractère démoniaque de la voiture, on veut la voir résister face à ces enfants agités. Ils la souilleront au plus profond.

Lorsqu'il la découvre, Arnie rompt avec le monde. Ce qui a tué le frère de Georges LeBay est en train de ronger Arnold Cunningham.

D'un certain point de vue, cette scène est aussi la plus sexuelle du film... La magie amoureuse entre l'homme et sa voiture est à son paroxysme, une chimie malsaine se met en place. L'auto-reconstitution de Christine prend des allures de strip-tease, de danse visant à séduire Arnie pour lui assurer que quoi qu'il arrive, ils seront ensemble... Seuls contre tous.



Se succéderont vengeances, jalousies et incompréhensions avec la mort comme point commun.

On retiendra cette image de la voiture enflammée poursuivant Buddy Repperton avant de lui rouler dessus; cette vision de la Plymouth se rapprochant petit à petit du condamné est un exemple parfait de cruauté. Même calcinée et à bout de souffle, elle va au bout de son combat pour laver son honneur et celui d'Arnie par la même occasion.



Comme toute histoire d'amour, celle entre Christine et Arnie aura une fin. Dennis et Leigh montent un plan visant à détruire Christine et ainsi libérer leur ami de son influence néfaste. La rencontre aura lieu chez Darnell.

Cette scène verra la mort d'Arnie. Son corps sera projeté à travers le pare-brise après que la voiture ait percuté un mur. Un dernier instant teinté d'érotisme s'immisce dans la scène. Du bout du doigt, Arnie caresse la calandre de l'engin, un dernier contact physique, dernier orgasme d'un jeune homme ne l'ayant jamais connu avec une femme de chair.

Christine finira "sodomisée" (dixit J.Carpenter) sous les chenilles d'une tracto-pelle avant d'être compressée pour devenir un vulgaire cube de métal.


Cette adaptation du livre éponyme de Stephen King est probablement l'une des plus consistantes portées à l'écran jusqu'à ce jour; même si certains éléments ne respectent pas à la lettre le récit du livre, l'ensemble est fidèle à l'atmosphère qu'a voulu offrir King à ses lecteurs.

Carpenter sortait d'une mauvaise expérience autant publique que critique avec "The Thing" (sorti la même année que le gentil "E.T.") et accepta donc de travailler sur ce film dit "de commande".

Avec "Christine", Carpenter réalise son film le plus intemporel; seuls quelques éléments de décors nous rappellent l'époque de tournage.

La mise en scène est juste. Suffisamment détachée pour ne pas devenir obsessionnelle en s'attardant sur des détails ramenant à la personnalité du metteur en scène. Chose classique dans le cinéma de genre...

C'est là qu'une question se pose. "Christine", film d'horreur? Film d'angoisse? Teen movie? Film d'amour?…. Si ce n'est pas un film de genre ni un film hollywoodien... C'est quoi alors?


Mais c'est un Carpenter, l'ami!



Fiche technique:

Réalisation : John Carpenter
Scénario : Bill Phillips d'après le roman de Stephen King
Photographie : Donald M. Morgan
Musique : John Carpenter & Alan Howarth

Avec: Keith Gordon, John Stockwell, Alexandra Paul, William Ostrander, Robert Prosky, Harry Dean Stanton, Robert Blossom ...



John Carpenter filmographie sélective:


1978 : Halloween, la nuit des masques (Halloween)

1980 : Fog (The Fog)

1981 : New York 1997 (Escape from New York)

1982 : The Thing

1983 : Christine

1984 : Starman

1987 : Prince des ténèbres (Prince of Darkness)

1988 : Invasion Los Angeles (They Live)



RL

mardi 25 janvier 2011

INCEPTION de Christopher Nolan


INCEPTION

(Mais ou est donc passé le type qui a réalisé "Following" pour seulement 6000$?)



Mais qui est Chris Nolan?

Pourquoi ses films me laissent-ils toujours un goût d'inachevé? Pourquoi m'a t-il fallu trois visionnages de "Batman Begins" pour ne plus l'apprécier et quatre de "The Dark Night" pour le placer au rang de quasi chef d'oeuvre?

Pourquoi la majorité de ses films tournent-ils en rond lorsqu'ils ne traitent pas d'un bonhomme costumé?

Pourquoi souffrent-ils toujours du même manque: l'érotisme? Nolan serait-il totalement asexué?


Là ou Burton arrivait à poser une empreinte très féminine (et sexuée) sur ses adaptations de Batman, la place que leur laisse Nolan est quasi inexistante; la femme est-elle votre ennemie intime, Chris Oedipe Nolan?

Dans ce dernier film, le personnage interprété par Marion Cotillard est une synthèse entre le rôle joué par Carrie Ann-Moss dans "Memento" et la femme morte de Guy Pearce.

Pearce et DiCaprio sont chacun hantés par le souvenir de leur femme disparue. Ils vivent la réincarnation d'un passé n'ayant pas vraiment existé, seulement connecté au réel par des câbles pour l'un et des morceaux de papier chez l'autre.




En bon illusionniste, Nolan s'obstine à grignoter la conscience et l'inconscient de l'être humain sans donner l'impression de savoir où il veut en venir. Il embarque le spectateur grâce à des effets visuels (superbes) et une intrigue écrite sur la saucisse d'un hot dog... Respect.

En ce sens, "Inception" reste l'une des plus incroyables arnaques cinématographique de ce début de millénaire (160 millions $ tout de même..), loin devant "Shutter Island" (que nous pourrions évoquer à l'avenir...) et "Indiana Jones 4".


"Inception" nous offre le spectacle sans âme d'un homme combattant son passé pour mieux faciliter sa fuite vers l'avenir; il avance masqué, seulement freiné par les incohérences d'un scénario cousu sur une toile de jute.

Ce film est un condensé de suffisance pédante allié à une forte dose de facilité narrative provoquant chez le spectateur l'illusion de regarder la onzième merveille du monde.

Oui, on se sent comme privilégié devant certaines images. Les parisiens apprécieront de voir leur ville se replier sur elle même (un peu comme la créativité artistique de Chris Nolan au fil des années), et les fans de James Bond jubileront lors des scènes d'actions. Mais où est passé Jason Bourne dans ce grand Barnum?


Des acteurs? DiCaprio semble absent quand Cillian Murphy surprend.

Cotillard vient chercher ses dix minutes réglementaires dans une grosse production hollywoodienne, chose fréquente depuis son Oscar.

Petit coup de coeur adressé à Tom Hardy. Découvert dans "Bronson" de Nicolas Winding Refn, ce type est un animal. Faites lui jouer un cancéreux en phase terminale ou le sauveur de l'humanité, il se passera toujours quelque chose. Une vraie présence.



Petite pensée pour Pete Postlethwaite dont c'était l'avant dernière apparition dans un film.



En conclusion, ce film m'a fait perdre 2h28 d'une vie dont le temps devient précieux.


RL



lundi 24 janvier 2011

Le temps d'une disparition

Un jour après sa première projection très controversée au festival du film de Cannes en 1960, L'Avventura était soutenu par une lettre rédigée par 37 réalisateurs et critiques, incluant Roberto Rossellini. En 1962, le film était déjà élu deuxième meilleur film de tous les temps par le magazine Sight and Sound, juste après Citizen Kane.



Anna (Léa Massari) disparaît mystérieusement pendant un voyage en bateau. Alors que son petit ami Sandro (Gabriele Ferzetti) et sa meilleure amie Claudia (Monica Vitti) la recherche dans toute l'Italie, ils s'éprennent l'un de l'autre. 

Anna nous est présenté dans le premier plan en train de marcher vers son père. On les voit très vite dans le même plan avec en fond deux types d'architecture: du neuf et de l'ancien. Le film opposera ces deux mondes qui cohabitent. Le discours de Michelangelo Antonioni à Cannes révèle un cinéaste préoccupé par ces questions: "Aujourd'hui le monde est menacé par un très sérieux partage entre une science qui est totalement et consciemment tourné vers le futur, et un moralisme rigide et stéréotypé que nous reconnaissons tous comme tel et pourtant soutient lâcheté et pur paresse."
Sandro, le personnage le plus répréhensible moralement, est aussi filmé avec un fond très spécifique, la complexité de l'architecture représentant sa morale vieux jeu et sa frustration concernant son travail (Sandro est un architecte frustré.comme il l'explique et comme nous le démontre une scène dans laquelle il renverse de l'encre délibérément sur le croquis d'un jeune designer). La première fois que nous voyons Sandro, celui-ci fait signe depuis sa fenêtre, encadré par celle-ci, comme si quelque chose de statique émanait de lui (juste après on le verra poser, semblable à une statue). Son langage corporel est pareil à sa conscience: sur de lui mais ignorant l'effet réel produit. Plus tard, Sandro séduit Claudia tandis qu'Anna vient de disparaître: il ne peut apparemment pas rester sans une femme. A la fin du film, Sandro se retrouve avec Gloria Perkins, une jeune prostituée de 19 ans. Un plan sur les jambes de la jeune femme et l'argent que Sandro a laissé pointe la fragilité du discours de Sandro, précédemment: "Qui a besoin de belles choses de nos jours Claudia. Combien de temps cela dure-t-il?"
Mais Sandro n'est pas le seul homme condamné par le regard d'Antonioni sur le masculin: Corrado est très désagréable avec sa femme alors qu'il s'intéresse à Claudia et Anna, la population masculine de la ville de Macena devient dingue à l'arrivée de Gloria Perkins et des hommes à Noto traîne autour de Claudia pendant un bref moment... La vision d'Antonioni sur le monde moderne est loin d'être simpliste: les hommes sont piégés par leur propre (in)compréhension des femmes et les femmes modernes en jouent tout en en payant les conséquences.


La relation triangulaire entre Sandro, Anna et Claudia commence quand Anna et Sandro sont sur le point de faire l'amour tandis que Claudia attend en bas, visitant une galerie d'art. Antonioni montre alors un gros plan quasi abstrait d'Anna et Sandro ensemble sur le lit et entrecoupe avec Claudia jusqu'à ce que celle-ci ferme une porte, terminant la séquence. La façon dont Antonioni a placé Claudia dans le montage est particulièrement résonante ici puisque qu'elle sera avec Sandro dès la disparition d'Anna. Dans la cabine du yacht, Anna et Claudia se changent alors qu'Anna lui révèle qu'elle a menti à propos du requin dans la mer. Un plan des deux femmes est ici essentiel: nous ne les voyons que de dos, seul leur chevelure (brune et blonde) les distingue, leur identité se mélangeant presque, le tout accentué par l'érotisme de la scène. Se peut-il qu'à ce moment précis Anna ait donné l'âme de son personnage à Claudia? Plus tard sur l'île, Claudia mettra d'ailleurs une chemise qui appartenait à Anna... Que reste-t-il d'Anna? Le réalisateur semble suggérer "juste une perruque": Claudia, dans la villa, porte une perruque brune et quelqu'un lui dit: "Tu ressembles à quelqu'un d'autre." L'identité de Claudia s'obscurcit de plus en plus par celle d'Anna. En dansant et en chantant dans sa chambre d'hôtel, Claudia ressent à la fois le moment présent et à la fois imite quelqu'un d'autre chanter. Cette problématique semble récurrente dans L'Avventura comme d'autres éléments (par exemple quand Claudia se regarde dans le miroir, en tout 3 fois, sorte d'auto contrôle d'identité). Aussi, Claudia assiste tout au long du film à des moments érotiques: dès le début quand elle regarde  Sandro et Anna à travers la fenêtre depuis la rue, sur le yacht quand Raimundo tripote Patrizia et quand Gullia flirte avec le jeune peintre de la villa. Dans deux de ces scènes, il y a des dessins et de la peinture: peut-être une façon de dire que la séduction est aussi une forme d'art...


Dans L'Avventura, Anna disparaît sur une île, ses amis la recherchant partout. Quatre ans plus tard, Le Désert Rouge sort sur les écrans. Guilianna, le personnage principal, raconte une histoire à son enfant: une jeune fille est seule sur une île déserte etc. A sa façon, Antonioni fait réapparaître Anna dans un autre film, cette fois-ci en couleur (on penserait presque au Magicien d'Oz séparé en deux films), le problème spatial étant remplacer par un problème temporel. Plus jeune, différente de par son aspect, Anna a réussi à échapper à l'âge adulte. De la sorte, elle ne seras pas blessé par Sandro qui bientôt trompera Claudia. Malgré le fait que tout le monde essaie d'établir un contact avec l'autre, chacun reste déconnecté, seul dans le monde créé par Antonioni, l'amour étant l'unique illusion provoquant un semblant de relation. La connexion spatiale ("moi, toi et le reste") est fausse: mais la connexion temporel marche en fabriquant un flux entre le désire des gens. Quand Claudia crie dans une maison vide d'un village, elle n'obtient comme réponse qu'un écho, preuve que le temps a consumé sa voix et l'a interprété de manière différente. La dernière scène du film montre Claudia réagissant comme une mère avec Sandro qui pleure à cause de ce qu'il a fait: une peinture d'un vieillard suçant les seins d'une femme beaucoup plus jeune était un avertissement qu'il n'a su interpréter correctement. La quête éternel de Sandro s'arrête ici, là où Le Temps donne d'ironiques signaux.

Donald Devienne